Agriculture intensive, pauvreté, réchauffement climatique, extinction d’espèces animales et pollinisateurs, … notre monde fait face à de nombreux problèmes majeurs venant mettre en péril l’avenir de nos générations futures. Ces enjeux à la fois sociaux et environnementaux se sont notamment inscrits dans les engagements du gouvernement avec divers plans et organismes de relance pour favoriser une économie plus durable, plus verte et tournée davantage vers l’humain.
En parallèle, de nombreuses entreprises et startups à travers le monde s’engagent au quotidien à répondre à ces défis d’aujourd’hui. Que ce soit pour préserver notre écosystème, aider les plus démunis à vivre plus décemment ou pousser les consommateurs à changer leur manière d’acheter pour mettre fin à la surconsommation et au gaspillage alimentaire… les actions sont nombreuses et certaines de ces sociétés ont décidé d’aller plus loin en intégrant l’upcycling de containers maritimes dans leurs actions.
Nous vous proposons aujourd’hui de découvrir 4 sociétés et startups engagées qui ont décidé de faire bouger les choses à leur niveau en utilisant le container maritime revalorisé…
AGRICOOL, agriculture responsable conteneurisée
Trouvez-vous normal de consommer des fruits et légumes ayant fait des milliers de kilomètres en bateau, avion ou train alors qu’ils peuvent être produits en France ? Saviez-vous que plus de 90% des fraises issues de l’agriculture de masse contiennent des résidus de pesticides ? Saviez-vous qu’aujourd’hui il est possible de cultiver un tas de fruits et légumes sains en plein cœur d’une ville comme Paris ou Lyon ?
Relocaliser l’agriculture en ville grâce à des solutions innovantes… C’est le concept développé par la startup française Agricool qui encourage une agriculture raisonnée et responsable en produisant notamment des fraises, du basilic, du persil ou encore de la laitue et tout cela dans des containers maritimes en plein cœur de la capitale. Manger est aujourd’hui devenu un acte citoyen au même niveau que construire une maison écologique ou privilégier les transports en commun plutôt que la voiture.
Lancée en 2015, la startup a depuis bien évolué grâce notamment à une levée de fond de plus de 30 millions d’euros et soutenue en partie par BPI France. Aujourd’hui, Agricool possède deux fermes, l’une à la Courneuve avec un total de 11 containers et l’autre à Courbevoie avec 3 containers. Depuis sa création, la société n’a cessé de vouloir développer et faire progresser sa méthode de production avec pas moins de 7 prototypes différents qui lui ont permis au final de diviser par 10 leur consommation d’énergie tout en multipliant par 15 leur rendement. 5 années centrées sur la recherche et le développement pour permettre aujourd’hui d’avoir un concept de ferme viable sur le plan économique et écologique. Au total ce sont plus de 8000 barquettes vendues au travers de 50 magasins et une production quotidienne de 6 produits différents.
Toutes les conditions de culture idéales reproduites dans un container maritime… Température, taux d’humidité, taux de CO2, taux de luminosité, distribution d’eau, protection biologique intégrée (insectes) tout en utilisant un minimum d’énergie… autant de paramètres étudiés et pris en compte pour obtenir un véritable écosystème productif conteneurisé. Une alternative locale innovante proposant une agriculture sans pesticide, très peu énergivore en termes d’électricité ou d’eau qui ambitionne de se déployer à l’échelle nationale et même internationale.
De Paris à New York, le secteur est en pleine croissance et offre une alternative durable à l’agriculture traditionnelle pour survenir aux besoins des habitants des villes. Et si l’agriculture urbaine n’est pas la solution miracle pour résoudre le problème de l’alimentation mondiale, elle apparaît clairement comme un levier de plus pour y parvenir…
BUBBLEBOX, des douches solidaires mobiles
Le manque d’hygiène est l’une des plus grandes sources de souffrance pour les sans-abris et se présente même comme leur principal ennemi. Ce n’est ni le froid, ni une mauvaise alimentation mais bel et bien le manque d’hygiène qui engendre diverses maladies et infections pouvant être mortelles.
Il existe dans certaines villes encore des bains-douches accessibles aux sans-abris mais qui sont le plus souvent mixtes où nombreuses femmes se font violemment agresser. Bien que depuis plusieurs années, certaines communes se sont engagées à ouvrir des espaces exclusivement réservées aux femmes pour assurer ainsi leur protection, le problème reste omniprésent.
C’est dans ce contexte que Pierre Noro a décidé de co-fonder en 2018 avec une équipe d’étudiants internationaux, d’ingénieurs et de designers, l’association BubbleBox Project. Cette organisation à but non-lucratif vise à concevoir et construire des modules à partir de containers maritimes d’hygiène mobile et autonome. Elle a d’ailleurs livré son premier module à Bordeaux en août dernier, comportant 3 douches et un espace technique pour le chauffe-eau. Le tout tient dans un container maritime 20 pieds, raccordé au réseau, mais pouvant aussi fonctionner seul, jusqu’à trois jours d’affilée. S’agissant d’un prototype, celui-ci sera mis à la disposition de la mairie de Bordeaux durant un an et sera amélioré d’ici septembre par un système de filtration permettant de réutiliser 90% de l’eau consommée. A terme le container deviendra aussi complètement indépendant en terme d’énergie.
BubbleBox est un concept mobile, social et responsable pouvant être déployé sur l’ensemble du territoire français pour faire face à ce manque d’accès à l’hygiène des sans-abris et autres populations défavorisées dans le besoin.
DIGITRUCK PAR CLOSE THE GAP, des salles de classe itinérantes dédiées à l’informatique
Cette entreprise sociale internationale vise à réduire la fracture numérique en offrant des ordinateurs d’occasion de haute qualité offerts par des entreprises européennes et internationales pour des projets éducatifs, médicaux et sociaux dans les pays en développement et émergeants. Depuis 2003, Close the Gap a déjà reçu plus de 1 007 000 ordinateurs d’entreprises du monde entier, a soutenu plus de 6 280 projets dans le monde entier (principalement en Afrique), et a touché plus de 3 220 000 bénéficiaires.
La société est également engagée sur d’autres initiatives comme Worldloop qui vise à valoriser le recyclage durable des déchets électroniques ou plus récemment Digitruck, une unité informatique mobile qui permet de former des personnes démunies face aux nouvelles technologies dans le monde. La société a lancé son premier digitruck en 2015 en Afrique auprès d’un orphelinat dans la région du Kilimandjaro en Tanzanie. Aujourd’hui, pas moins de 7 unités sont déployées sur le continent grâce à divers partenaires et sponsors.
Ces unités sont réalisées dans des containers maritimes 40 pieds, totalement aménagés en salles de classe polyvalentes alimentées par énergie solaire. Favorisant l’économie circulaire, ces 7 unités déployées en Afrique ont été conçues localement grâce au soutien de plusieurs partenaires et sponsors.
DIGITRUCK dans les Hauts-de-France
Plus récemment, le 14 octobre dernier a été inauguré en France le premier Digitruck en région Hauts-de-France, financé par Huawei et déployé par l’entreprise sociale et solidaire, Simplon.co
« La crise sanitaire nous a montré que la fracture numérique est de plus en plus importante et nous essayons de mettre en place un maximum d’actions dans les quartiers prioritaires de la ville, ou à destination des jeunes ou encore des personnes de plus de 70 ans. On sait que ces publics ont parfois du mal à accéder à Internet, n’ont pas forcément les équipements et ne savent pas vraiment les utiliser », précise Guillaume Trouille, directeur de Simplon.co
En plus d’aider les personnes à s’adapter à notre ère numérique, il s’agit également de réduire les inégalités face à l’emploi des personnes éloignées géographiquement ou matériellement du numérique.
Ce digiTruck français dispose donc de 20 postes de travail équipés de tablettes et de claviers, d’un réseau local, d’un rétroprojecteur ainsi que de smartphones Huawai, le tout alimenté par l’énergie solaire grâce à des panneaux installés sur le toit.
Des cours d’une heure et demie à deux heures sont dispensés trois à quatre fois par jour par un formateur de Simplon.co. Ils permettent notamment aux élèves d’apprendre comment bien utiliser un service de messagerie, une clé USB, joindre une pièce à un e-mail, rejoindre une visioconférence ou encore quelles techniques suivre pour mettre en forme un CV ou un document administratif…
BEEWISE, la nouvelle maison automatisée des abeilles
Depuis une dizaine d’années, les études scientifiques se multiplient, qui constatent l’impressionnant déclin des insectes, en particulier des pollinisateurs. Publiée en février 2019 dans la revue Biological Conservation, la première analyse globale sur les populations d’insectes conclut ainsi qu’au rythme où ils déclinent, les insectes pourraient disparaître de la planète d’ici un siècle, entraînant un « effondrement catastrophique de tous les écosystèmes naturels ».
Parmi les plus grands polinisateurs, nous comptons évidemment les abeilles, cette belle espèce pourtant dite protégée mais qui est l’une des principales victimes de l’agriculture intensive et de l’utilisation à outrance des pesticides. Alors que la population des abeilles diminue, selon les estimations, la production agricole devrait continuer d’augmenter de près de 70% d’ici 2050 pour éviter une pénurie de nourriture… Il est donc essentiel de trouver le bon compromis pour continuer de nourrir les quelques milliards d’êtres humains tout en préservant la biodiversité qui permet de maintenir la vie sur Terre..
Certaines sociétés essaient donc à leur niveau de protéger ces espèces vivantes et notamment les abeilles comme Beewise qui a créé Beehome, un container maritime rénové et alimenté à l’énergie solaire qui peut accueillir jusqu’à 40 colonies d’abeilles dans un climat automatiquement contrôlé pour des conditions d’humidité optimales qui peuvent être surveillées via une application. Le Beehome possède également des fonctions de lutte contre les parasites qui surveillent les acariens parasites qui peuvent avoir des effets néfastes sur les colonies. La technologie d’IA ajuste les conditions dans le Beehome lorsqu’elle identifie qu’une colonie se prépare à essaimer, et le Beehome envoie des alertes aux apiculteurs dès qu’un récipient de miel atteint sa capacité de 380 L. Toutes ces conditions changeantes garantissent une amélioration des rendements, une pollinisation plus efficace et la protection des populations d’abeilles.
Beewise ne réinvente pas l’apiculture ; tout ce qu’elle fait c’est permettre aux apiculteurs d’appliquer les mêmes traitements qu’ils appliquent aujourd’hui sur le terrain, mais en temps réel et avec beaucoup plus de données et d’efficacité. Un concept innovant venu d’Israël alliant nouvelles technologies et protection de notre environnement, qui a réussi à obtenir une levée de 10 millions de dollars pour la poursuite de son développement.