Première partie de notre nouvel article issu de notre série “Ces français qui choisissent la maison container” et pour cela, direction le département du Vaucluse, et plus exactement la commune de Monteux pour aller à la rencontre de Chloé et Jérôme, un couple solaire à l’accent du sud. Ayant la volonté de transmettre leur savoir-faire, de donner confiance aux futurs auto-constructeurs et de démocratiser ce mode de construction, le couple s’est prêté au jeu de l’interview et nous raconte leur belle aventure : l’auto-construction de leur maison à partir de 4 containers maritimes.
Une belle histoire, qui a officiellement commencé le 6 juillet 2020 et qui est tout doucement en train de se terminer, un peu plus d’un an et demi plus tard, mais avant tout, commençons par le commencement !
Il était une fois... Chloé et Jérôme
Chloé a 30 ans, elle travaille au sein d’une grande enseigne de bricolage en tant qu’animatrice de cours de bricolage. Chloé est passionnée par la décoration et notamment le DIY (Do It Yourself), elle adore imaginer, créer et détourner des objets de leur fonction première pour leur donner une autre utilité. L’écologie et le recyclage ayant une importance particulière pour Chloé, elle aime également construire des meubles à partir de carton. Son imagination est débordante, “une véritable artiste“, comme aime la décrire son compagnon.
Jérôme, lui a 31 ans, il est assistant d’éducation dans un lycée, un travail qui lui a permis de se dégager du temps pour construire sa maison. Voyageur dans l’âme, Jérôme, a eu l’occasion de découvrir différents types d’habitat, dont des maisons construites à partir de containers maritimes, notamment en Argentine et en Australie. Curieux de nature, Jérôme a échangé avec des locaux, des discussions très riches qui l’ont conduit à se questionner sur la construction d’une maison classique et ce que cela engendre avec notamment l’utilisation de nombreuses ressources naturelles : eau, sable, etc., qui tendent à se raréfier de plus en plus aujourd’hui. Une réflexion qui a fait naître dans l’esprit de Jérôme l’envie de vivre dans un habitat alternatif à un habitat classique.
La naissance d'un beau projet
« Nous avons été locataires pendant une quinzaine d’années. Un matin, nous avons fait les comptes et nous nous sommes rendu compte, qu’avec tous les logements que nous avions eu, nous aurions déjà pu être propriétaires. », pour le couple, c’est le déclic.
À ce moment-là, Chloé et Jérôme réfléchissent à changer de vie et hésitent à déménager à l’étranger. Ils décident finalement qu’il est temps qu’ils arrêtent de « gaspiller » leur argent dans des loyers et souhaitent devenir propriétaires. Mais après de nombreuses recherches, le couple ne trouve aucun bien qui correspond à ses attentes, aussi bien financièrement, qu’esthétiquement. Un premier projet voit donc le jour dans leur tête : la création d’un refuge en containers maritimes pour accueillir les voyageurs en Argentine. Ils décident donc de dessiner tous les plans du refuge et se mettent à en parler à leur entourage qui leur conseille de commencer par réfléchir à un projet à base de containers maritimes réalisable en France, pour se faire une première expérience dans un endroit qu’ils connaissent bien avec des matériaux qu’ils connaissent moins bien.
Chloé et Jérôme décident donc de se lancer dans l’auto-construction de leur maison familiale : une grande bâtisse de 160 m² construite à partir de containers maritimes, basée sur les plans de leur rêve argentin retravaillés.
L'architecte, la clef de voûte du projet
Armés de leurs plans, Chloé et Jérôme contactent plusieurs architectes et essuient plusieurs refus d’architectes ne souhaitant pas s’occuper d’un projet de maison construite à partir de containers maritimes. Ils finissent par trouver un jeune architecte d’une trentaine d’années, enthousiaste à l’idée de travailler sur ce type de projet. Chloé et Jérôme se sont tellement bien appliqués à dessiner leurs plans, que l’architecte n’a que quelques ajustements à réaliser afin de s’assurer que le projet est réalisable. Une première fierté pour le couple qui se rend compte qu’en plus d’auto-construire leur maison, ils ont imaginé et dessiné eux-mêmes la maison de leurs rêves, un vrai conte de fées ! C’est d’ailleurs de là que vient le nom de leur page Instagram, @ilétaitunefoisdescontainers, où ils racontent une belle histoire, leur histoire et celle de la construction de leur maison en containers maritimes. Une maison qui leur ressemble à 100% et pour laquelle ils se sont fait plaisir. « C’était une manière de se dire qu’on va se créer notre propre conte de fées », explique Jérôme.
Pour l’anecdote, Chloé et Jérôme se sont rendus une première fois à la mairie avec des plans qui n’avaient pas encore été vus et validés par un architecte. Mais après 6 mois à travailler sur le dossier de leur permis de construire, ils le portaient à cœur et été persuadés que tout se passerait bien. Malheureusement, lors de leur premier rendez-vous avec le service urbanisme, ils ont rapidement déchanté lorsque la personne en charge de leur dossier a vu le titre de ce dernier, à savoir « Auto-construction d’une maison individuelle en containers maritimes ». En apprenant que Chloé et Jérôme n’avaient pas d’expérience dans le secteur de la construction, elle leur a gentiment demandé de rentrer chez eux, car pour elle, l’auto-construction d’une maison classique est déjà compliquée, mais qu’une maison en containers l’était encore plus.
Chloé et Jérôme ont donc retenté l’expérience quelque temps plus tard, mais avec des plans validés par leur architecte et avec le soutien de ce dernier. Le permis de construire est cette fois-ci rapidement accordé, une belle revanche pour le couple, qui explique que d’engager un architecte, permet réellement de donner de la crédibilité à un dossier de permis de construire.
La préparation en amont, une étape cruciale
Lors du premier confinement, en mars 2020, le couple avait déjà déposé le panneau annonçant la construction de leur maison sur leur terrain. Ils savaient donc que les travaux débuteraient courant de l’été. Ils ont donc décidé de tout anticiper, et ont acheté leurs containers à cette période ainsi que tous les matériaux nécessaires. Une anticipation, qui leur a permis de bénéficier de très bons prix, mais surtout d’éviter d’être impactés par la pénurie, tant au niveau des matériaux de construction, que des containers maritimes, qui a touché le monde quelques mois plus tard. « Souvent, on nous disait que les chantiers, en dehors de la crise bien sûr, pouvaient prendre du retard à cause de retard dans les livraisons, notamment au mois d’août, où de nombreuses entreprises de construction ferment leurs portes. On a donc mis en place un rétroplanning millimétré, qui nous a permis de vraiment tout anticiper, et de commander tous les matériaux dont on aurait besoin sur le chantier. », explique Jérôme.
Le couple achète donc 4 containers, dont 3 containers 40 pieds et un container 20 pieds, tous étant considérés comme « dernier voyage ». C’était vraiment important pour le couple de construire leur maison à partir de containers dits « dernier voyage », afin de rester dans leur optique de recyclage et de transformation de l’ancien. « On connaissait l’existence des cimetières de containers, on savait que la construction d’une maison traditionnelle utilisait énormément de ressources naturelles. Il était donc primordial pour nous, d’avoir une maison construite à partir de containers dernier voyage ».
Une véritable communauté d’auto-constructeurs
Afin d’en savoir plus sur l’auto-construction et ce que cela implique, le couple commence à suivre des comptes Instagram qui mettent en avant des projets d’auto-construction de maisons en ossature bois et en containers maritimes. En plus de prodiguer des conseils, ces comptes se montrent rassurants et prouvent qu’il est tout à fait possible quand on est novice en construction de se lancer dans l’aventure. Pour le couple, le fait d’avoir des exemples à suivre a été très important et leur a permis d’échanger avec des personnes qui ont vécu les mêmes péripéties qu’eux. « On n’avait pas toutes les compétences, mais on savait que c’étaient des choses qui pouvaient s’apprendre, on a donc parié sur l’auto-formation ». Sur Instagram, c’est une véritable communauté d’auto-constructeurs qui s’est développée au fil du temps. Chloé et Jérôme ont d’ailleurs noué des liens d’amitié avec d’autres auto-constructeurs qu’ils ont rencontrés sur Instagram, notamment avec Adèle et Simon, le couple qui se cache derrière le compte Instagram @Living_in_the_steel. Adèle et Simon avaient déjà presque terminé les travaux de leur maison en containers lorsque Chloé et Jérôme sont rentrés en contact avec eux. Véritable source d’inspiration, Adèle et Simon sont de très bons conseils et se lient rapidement d’amitié avec Chloé et Jérôme.
Une communauté qui s’est révélée être un vrai soutien pour le couple qui a pu obtenir de l’aide et de précieux conseils qui ont permis de résoudre les problèmes survenus sur le chantier.
En plus de l’aide reçue grâce à la communauté d’auto-constructeur, Chloé et Jérôme ont également dû faire appel à des professionnels pour la réalisation des fondations et des menuiseries. Une condition imposée par la banque et l’assurance du couple pour l’obtention de leur crédit. Le couple fait donc appel à un maçon pour la réalisation des fondations et du vide sanitaire et à des menuisiers pour venir poser les menuiseries dans les cadres préalablement installés par le couple. Le reste de la maison a donc été complètement auto-construite par le couple qui a pu également compter sur l’aide et les conseils d’amis pour tout ce qui est plomberie et notamment électricité. « On a vraiment appris pleins de chose, je pense qu’on s’est vraiment enrichi de nouvelles connaissances en à peine un an et demi, et ça c’est vraiment génial ».
Le premier coup de pioche a été donné le 6 juillet 2020. Le couple a donc travaillé d’arrache-pied pendant 14 mois pour construire une magnifique maison de 160 m², dont 100 m² ont été réalisés à partir de containers maritimes et 60 m² à partir de maçonnerie entre les containers.