Dans la famille des auto-constructeurs de maisons en containers maritimes, nous avons Bruno et sa belle maison construite à partir de 6 containers maritimes, Capucine et Florent et leur magnifique maison container, le jeune Nathan et sa maison aux 5 containers maritimes, Gaelle et Nicolas et leur grande maison de 220 m², Patricia et Sébastien les serial-auto-constructeurs, et enfin, Chloé et Jérôme et leur superbe maison en containers. Aujourd’hui, nous demandons, Laura et Kévin, qui ont transformé un container maritime 40 pieds high cube en un beau studio de 30 m² qui a la particularité d’être 100% autonome !
Un projet hors du commun
Laura a 30 ans, elle est greffière en détachement, Kévin lui, est automaticien, de base, ils n’avaient donc aucune connaissance particulière en matière de construction ou de revalorisation d’un container maritime. Mais, ils ont une expérience commune : la rénovation. Cette expérience les a déjà menés à rénover deux appartements. Bricoleurs dans l’âme, Laura et Kévin se sont donc lancés dans un nouveau projet : la construction d’un Earthship et d’un studio en container maritime.

Un Earthship, c'est quoi ?
Un Earthship, aussi connu sous le nom de Géonef en français, est une maison autonome construite à partir de pneus usagés et de terre. Entièrement bioclimatique, ce type d’habitation n’est ni relié à l’électricité, ni à l’eau, elle est complètement autonome grâce à un système bien rodé, puisque que son architecture est étudiée pour utiliser au maximum les apports solaires. Un Earthship a une façade orientée vers le sud, qui est constituée d’une double rangée de surfaces vitrées. Comme l’explique cet article, la façade “qui donne sur l’extérieur est inclinée de telle façon que l’intérieur profite au maximum de la chaleur solaire l’hiver mais en soit protégé l’été. L’autre baie vitrée est droite comme dans une véranda. Entre les deux, des plantations comestibles sont disposées pour recevoir le rayonnement solaire estival. Ce couloir sert ainsi à la fois d’entrée et de serre où l’on peut récolter des fruits et légumes pour garnir son assiette” ! Quant à l’eau, elle peut être réutilisée jusqu’à 4 fois ! En effet, l’Earthship va capter les eaux de pluie, qui sont ensuite utilisées une première fois dans la maison via la douche et la robinetterie, puis l’eau est envoyée dans la serre pour arroser les plantes, qui vont quant à elles filtrer l’eau, qui sera une nouvelle fois utilisée et renvoyée dans les toilettes, puis les eaux jugées “mortes” sont renvoyées à l’extérieur, dans le cas de Laura et Kévin, dans une phytoépuration, une filtration via des roseaux.
Laura et Kévin ont découvert par hasard un projet d’Earthship qui leur a immédiatement tapé dans l’œil. Ils ont donc effectué de nombreuses recherches sur le sujet, et puis, comme une évidence, ils se sont rendu compte que ce type d’habitation était fait pour eux ! Un nouveau mode de vie qui leur permettra de vivre plus en harmonie avec leurs valeurs et leur évitera de surconsommer des ressources qui se font aujourd’hui de plus en plus rare.

“On ne voulait plus être dépendant d’un organisme ou autre, on voulait être complètement indépendant et autonome.”, explique Laura. Pour pouvoir réaliser leur rêve, le couple devait donc vendre leur appartement rapidement pour avoir des fonds, mais il leur fallait une solution pour se loger le temps des travaux. Plusieurs solutions s’offraient à eux : reprendre un appartement en location, poser un mobil-home sur leur terrain ou transformer un container maritime en studio.
Et c’est finalement la troisième option qui a le plus séduit Laura et Kévin. Pour eux, revaloriser un container maritime s’inscrivait dans la continuité de leur projet, puisque ça leur a permis de réutiliser un container et de lui donner une seconde vie. C’était également la solution qui leur permettait d’allier à la fois confort et rapidité d’exécution.
Un studio en container oui, mais surtout 100% autonome !
Dans ce beau projet, Laura et Kévin ont dû relever plusieurs défis : construire eux-mêmes leur logement, dans un container maritime, et faire en sorte que, comme leur futur Earthship, il soit complètement autonome ! Un moyen pour eux d’expérimenter la vie dans un logement qui n’est ni relié à l’eau, ni à l’électricité, et de mieux appréhender la gestion de leur consommation, leur permettant ainsi d’ajuster les besoins pour leur future maison. Pour leur studio, le couple a donc installé 6 panneaux solaires, reliés à 3 batteries. Ainsi, Laura et Kévin disposent donc de 2.4 kWc de panneaux solaires qui sont raccordés à un onduleur hybride qui donne du 230 V, et qui va permettre de charger les batteries. L’utilisation des batteries permet donc au couple de toujours avoir du courant, en effet, la nuit ou lors des mauvais jours, les batteries prennent le relais des panneaux solaires. Pour leur future maison, le couple envisage d’installer 9 panneaux solaires pour 3 batteries.
Une deadline très serrée : 4 mois pour finaliser le studio


Pour Laura et Kévin, le plus compliqué à gérer dans ce projet fut le temps. En effet, leur appartement devait être libéré au 15 décembre dernier délai, et le container maritime 40 pieds high cube qui leur sert aujourd’hui de logement, leur a été livré le 2 août 2021. Il restait donc 4 mois et demi au couple pour terminer les travaux et emménager dans leur studio. A ce stade, on a bien envie de dire “Les calculs sont pas bons Kévin !*” Et pourtant, ils l’ont fait !
Pour réussir, le couple s’est beaucoup renseigné notamment via des vidéos YouTube ou encore en consultant un Ebook proposé gratuitement par Bruno Crochet pour aider la communauté de son groupe Facebook “Maison Auto-construction”. Les recherches de Laura et Kévin se sont principalement concentrées sur le gros œuvre du container, car le reste des travaux ressemblaient aux travaux qu’ils avaient déjà effectués dans leurs deux appartements.
Après avoir glané toutes les informations dont ils avaient besoin et après avoir réceptionné leur container, Laura et Kévin ont donc commencé les travaux ! Pour relever le défi, le couple a dû sacrifier ses week-ends et ses congés pour se consacrer à 100% aux travaux du studio. Ils ont donc tous les deux pris 1 mois de congés au mois d’août pendant lequel ils se sont rendus tous les jours sur le chantier. Après avoir repris le travail, ne pouvant plus s’y rendre la semaine, Laura et Kévin ont passé tous leurs week-ends à travailler sur la transformation de leur container maritime 40 pieds. Une période très chargée et parfois compliquée à gérer, mais rien n’est impossible pour Laura et Kévin qui ont relevé le défi haut la main !
*Phrase tirée d’une célèbre vidéo de l’humoriste Inès Reg.
“C’est vraiment un projet pour lequel on est parti de zéro, c’est-à-dire qu’il n’y avait vraiment rien du tout sur le terrain lorsque l’on est arrivé. On a vraiment dû tout créer, tout réaliser nous-même, parfois avec l’aide de la famille, notamment avec le papa de Laura qui est chaudronnier, et mon père qui est conducteur d’engins. En souhaitant réaliser un habitat 100% autonome, on s’est aussi rajouté une contrainte. C’est différent d’une construction traditionnelle où des professionnels viennent raccorder le logement à l’électricité, là c’est nous qui devions tout gérer. Donc le jour où on a installé les panneaux solaires, on s’est dit qu’on était tranquille et que le week-end prochain on aurait plus besoin de mettre le groupe électrogène et au final, pas du tout ! Beaucoup de choses ne fonctionnaient pas, on a eu beaucoup de réglages à effectuer. On avait pas mal la pression entre le fait de transformer soi-même un container, qu’il soit 100% autonome et un timing très serré avec 4 mois pour tout faire ! “, explique Kévin.



Le 15 décembre 2021, Laura et Kévin ont donc emménagé dans un container maritime 40 pieds high cube, transformé en un beau studio d’environ 30 m². A l’intérieur, on retrouve une cuisine, une salle de bain et un coin avec un grand lit. Il y a également une petite table accrochée au mur qui se plie, qui permet au couple de pouvoir manger assis quand ils reçoivent du monde. La chambre n’est pas séparée ce qui permet au couple de profiter de la vue environnante, notamment de la forêt qui est adjacente au logement. Le couple a également fait le choix de laisser le container apparent sur tout un mur de la pièce de vie pour donner du cachet à leur logement et garder l’esprit brut du container. Le container a été isolé par l’extérieur sur 20 centimètres en fibre de bois et un beau bardage bois a été installé.




De nouvelles habitudes de vie
Lors de l’emménagement, le 15 décembre, le couple avait le minimum vital : de l’eau, de l’électricité, une douche, des toilettes et une partie de la cuisine, un lit et une table. Il restait donc encore à réaliser tout l’aménagement intérieur et la décoration.
“On est arrivés dans la maison le 15 décembre. Le problème, c’est que cette période est la plus compliquée de l’année pour les personnes vivant en autonomie parce qu’il n’y a pas beaucoup de soleil à ce moment de l’année. Surtout dans notre région, il y a eu beaucoup de brouillard, donc il n’y a pas eu de grosse production d’électricité. À la base, j’avais calculé qu’on aurait besoin de deux batteries avec nos panneaux solaires, au final, on s’est vite rendu compte qu’il nous en fallait trois. Donc il y a eu beaucoup d’ajustements sur nos habitudes de vie, on ne fait plus les machines à laver à n’importe quel moment par exemple, on essaye de voir quand il y aura le plus de soleil. On se base quotidiennement sur la météo, surtout en hiver”.

Des conseils bien avisés
Dans l’ensemble, concernant le volet administratif, le couple n’a pas rencontré de grosses difficultés, le maire de leur commune a été très emballé par leur projet. En effet, le terrain que le couple a acheté est un grand pré en plein milieu du village, il voulait donc préserver le côté nature. À la base, le terrain était dans les discussions pour la construction d’un lotissement. Les voisins de Laura et Kévin étaient donc ravis d’avoir un seul voisin, plutôt qu’un lotissement entier à côté de leur bien !
Seul point compliqué ? La banque ! Le couple a eu du mal à trouver une banque qui accepte de leur prêter de l’argent pour financer leur projet. “Déjà demander un prêt pour un projet d’auto-construction c’est compliqué, mais demander un prêt pour un projet d’auto-construction d’un studio en container 100% autonome, c’était la croix et la bannière ! La banquière nous a clairement dit qu’elle nous voyait arriver avec nos casseroles en train de prendre une douche dans la forêt. Donc, il y a encore beaucoup de travail à faire !”. Il aura fallu au total au couple, un mois avant de trouver une banque qui accepte leur demande : “On a fait plusieurs demandes auprès de plusieurs banques avant d’en trouver une qui accepte notre demande. On ne pensait pas que ça serait aussi compliqué, surtout qu’on avait un apport comme on vendait notre appartement, qu’on avait tous les deux des CDI, ça a été un coup dur, qui est arrivé avant même de commencer les travaux”.
“Si on a un conseil à donner aux auto-constructeurs, c’est : ne rien lâcher ! Notamment si vous rencontrez un problème avec votre banque. Faites des demandes à d’autres banques, et même à la même banque mais dans une autre ville, ça a été le cas pour nous. L’agence bancaire d’une grande banque de la ville de Dijon a refusé de nous suivre, alors que la même banque mais dans la ville d’à côté, a bien voulu nous suivre”.
“Deuxième conseil, quand vous allez voir votre banque ou votre assureur, n’en dites pas trop, par exemple, on construit un studio en container maritime, si on nous demande le type d’ossature, on dit métallique. Il ne faut pas trop aller dans le détail, tout est dans la nuance”.








Dans l’ensemble, le container, son aménagement et la décoration sont terminés. Réutiliser, recycler, sont les maîtres-mots du projet de Laura et Kévin, puisqu’en plus de réutiliser l’eau, revaloriser un container, le couple a également fait énormément de récup’ dans la réalisation de leur studio. En effet, Laura et Kévin ont récupéré l’isolation de leur sol, la totalité des fenêtres qui composent le studio, leur chauffe-eau thermodynamique, la porte d’entrée et bien plus encore ! Ils ont également fait de la récup’ pour meubler leur studio grâce à des meubles de seconde main trouvés pour la plupart sur Le Bon Coin. “On a favorisé la récup’, plutôt que de toujours acheter de nouveaux meubles, de nouveaux objets”, explique Laura. Il reste encore quelques détails à fignoler, comme l’ajout d’une gouttière, l’installation des rives, la finalisation de la terrasse pour l’arrivée de l’été, etc. Sur le terrain, Laura et Kévin ont planté de nombreux arbres pour habiller leur grand terrain et ont dessiné des chemins pour relier le container à la route.
Avec ce beau projet, Laura et Kévin ont voulu montrer qu’il est possible de vivre confortablement, tout en faisant attention à la planète. Prochaine étape ? La réalisation de leur Earthship bien sûr ! Pas cette année, mais l’année prochaine. Pour le moment, un peu de repos, entretien de leur terrain, et finalisation complète de leur studio ! Une fois, l’Earthship réalisé, Laura et Kévin loueront leur container et en feront également profiter leur famille.
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